Samoela Rasolofoniaina
Par Yanne Lomelle l Photos. Andry Randrianary
Quand Samoela chante, il parle d’abord aux gens. Il montre à ceux qui viennent le voir sur scène qu’il est comme eux. Il dit à ceux qui l’écoutent qu’il partage les mêmes galères qu’eux. Poète dans l’âme, le chanteur a redonné aux chansons à texte, celles qu’on appelle en malgache les « vazo miteny », ses lettres de noblesse.
L’histoire commence en 1996. Un jeune chanteur crée le scandale. Samoela Rasolofoniaina dans la vie civile, il se fait juste appeler par son prénom : Samoela. Avec son album « Mampirevy », il heurte le politiquement et le socialement corrects malgaches. Sa musique, aussi belle soit-elle en fusionnant les sons traditionnels avec une tendance urbaine, ne cache pas le caractère plutôt « cru » de ses textes, considérés par certains comme frisant l’indécence.
Jugez-en plutôt : dans son tube Tiavina, une chanson très facile à retenir, il appelle sa petite amie à choisir entre lui et Jéhovah. « Tiavina, Tiavina o, Tiavina, izay tianao toavina », « Aimée, ô Aimée, Aimée, obéis à celui que tu aimes », scande-t-il à la fin du morceau. Dans un texte plus sarcastique qu’en colère, il y détaille les états d’âme d’un jeune homme dont la petite amie se retrouve emprisonnée dans une société particulièrement religieuse. Mais ce n’est pas non plus parce qu’il va « descendre » dans une autre chanson la petite amie « sexy girl » devenue « dévergondée » dans la conception de la société chrétienne de l’époque qu’il sera pardonné.
Il s’attire plutôt la foudre des féministes quand il accuse les jeunes femmes en habit sexy et près du corps de ne chercher qu’à provoquer les passants. Et puis ce titre, « Havako mamomamo » qui fait sortir les « croix bleues » de leurs gonds. Ce tube que même les plus jeunes retiennent par coeur n’est-il pas en train de faire la promotion de l’alcool ? Deux jeunes et jolies femmes en train de louer quelques bienfaits à l’alcool : celui-ci a désinhibé leurs amoureux, au point de devenir ensuite leur meilleur ami.