“On croit que le créole, c’est juste pour faire rire„
Par Aline Groëme-Harmon et Alain Eid
Traduire en créole Apollinaire, Baudelaire, Blake, Césaire, Tagore… C’est le cadeau que s’est offert le Mauricien Michel Ducasse pour ses 40 ans de poésie. Plus d’une vingtaine de poèmes et leur traduction publiés en octobre 2017 sous le titre « Enn bouke bwa tanbour », aux éditions Vilaz Métis. Une manière d’exprimer son admiration pour ses maîtres en poésie. Mais aussi un pari sur la pertinence du créole littéraire…
Indigo. Pourquoi ce livre et quelle méthode avez-vous suivi au niveau de la sélection des auteurs ?
Michel Ducasse. Il y a environ douze ans, j’ai traduit L’Albatros de Baudelaire en kreol morisien. Et je me suis alors dit qu’il serait intéressant de rendre hommage à ma manière aux poètes qui ont marqué mon parcours, en traduisant un de leurs textes en kreol. Le temps a passé, j’ai publié deux autres recueils de poésie, traduit du kreol au français les chansons de trois albums (Richard Beaugendre, Ziskakan et Maya Kamaty; les deux derniers du créole réunionnais au français, N.D.L.R.). Il y a trois ans, le projet de traduction est revenu me hanter. J’ai fait un choix de poètes et de textes, en commençant par ceux que j’ai étudiés au collège. Toute ma scolarité s’est faite dans des écoles mauriciennes. D’où le choix de Shakespeare, Keats, Blake, des auteurs qui étaient au programme de Form VI (l’équivalent mauricien de la première et de la terminale dans le système français, N.D.L.R.). Les autres auteurs que j’ai choisis sont dans le prolongement de mon parcours de poète. Ceux que j’ai découverts lorsque j’étais à Nancy pour mes études de lettres et de linguistique au début des années 1980 ; d’autres un peu plus tard, au fil des lectures et des coups de coeur.