La légende du Colibri
Par Marie-Josée Barre
Une évasion de l’esprit composée par Marie-Josée Barre, pour remercier tous les coeurs généreux qui font leur part en plein incendie pandémique.
À écouter la chanson de Zaz : La légende des colibris.
… VOUS DIRE CHERS PETITS COLIBRIS DU MONDE, QUE … OUI, Nos existences sont liées par le feu de la pandémie ! OUI, C’est la première fois que tous les humains, aux mêmes moments, ressentent une forme d’intranquillité permanente ! OUI, Cette sensation d’inquiétude planétaire est vertigineuse tant elle rapproche les âmes de milliards d’individus par delà les océans, les mers, les terres et les frontières!
ICI, c’est en cet après-midi de juillet 2020 que nous, les colibris de la Réunion, avons décidé de faire notre part de solidarité, notre toute petite part à l’échelle de notre île, encouragés en cela par le froufroutement des colibris artistes.
Nous voilà donc tous nous retrouvant à Saint-Denis dans une petite rue qui a été, ces derniers mois, lavée par l’eau de notre été confiné. Nue de passants et de véhicules elle a aussi baigné durant tout ce temps dans un silence religieux rempli de prières des oiseaux revenus, et heureux de se retrouver enfin seuls, en haut de la cathédrale feuillue du badamier centenaire, là, juste en face. Dans cette salle, si animée et si chaleureuse depuis des décennies, de laquelle ses habituels aficionados de bon mangé et de bon chanté ont été virés par la crise, eh bien nous, nous sommes là !
Encore plombés par une fin incertaine d’état d’urgence, nous sommes venus nous toucher par le bout de nos âmes, nous avons eu la force de nous extraire de l’immobilité casanière pour accomplir notre infime part d’utilité, raccommoder la fraternité déchirée à force d’être enfermée, rapprocher les distances frustrantes, ouvrir nos corps aux chants qui cassent enfin le mutisme imposé par le confinement.
La porte du restaurant chantant s’est ouverte sur notre profonde soif d’humanité. Nous ne savons rien de tout à l’heure, de demain, de la saison prochaine, ni de l’année d’après, mais plus forte que la crainte, il y a eu cette urgence urticante de retrouvailles à satisfaire, car nos vies sont inscrites, depuis nos naissances, dans la vie des autres et nous avions grand besoin de reformer le cercle disparu des coeurs chantant la vie, dont les contours ont été gommés par le virus.
Pour recréer ce cercle c’est en toute complicité que nous nous sommes évadés du dangereux cocon isolé de nos chambres. Sur la pointe des pieds chacun a accompli son envol de colibri jusqu’ici. Nous sommes venus tisser mille brins de soie en piaillant de joie au creux de notre nid de résilience harmonique.
Nous voilà dégustant le battement de nos coeurs émus répondant aux ailes des voix de cristal ! Nous voilà imaginant comme des enfants cet instant de suspension musical comme suspendu aux pitons, remparts, cirques et cascades de l’île !
Voilà que depuis cette petite salle, de cette petite rue de notre petite île, nos larmes perlées d’émotion et nos sourires sous les masques, nous les faisons se balancer, légers, dans l’atmosphère pure, au-dessus de notre verte canopée insulaire ! Moments intenses de partage et d’échange que nous n’oublierons jamais !
C’est pour vivre ceci, c’est pour ressentir cela, c’est pour offrir nos pensées positives à tous ceux qui ont été et sont encore profondément affectés, c’est pour toute l’humanité transpercée par la pandémie que chacun des colibris, aujourd’hui, est venu offrir sa part d’espoir avec amour.