Entretien avec Jean-Luc SCHNEIDER
“ On a tous en nous quelque chose de singulier, à révéler ”
Photos : Corine TELLIER
Passionné de bande-dessinée depuis son enfance, Jean-Luc Schneider s’est peu à peu imposé comme une référence de la BD à La Réunion. De ses boutiques dédiées au festival Cyclone, en passant par sa propre maison d’édition, il est aujourd’hui le premier promoteur du genre.
En vingt ans de carrière, Jean-Luc Schneider est la preuve vivante qu’une simple passion peut se transformer en carrière, ou plutôt en destin. Celui qui a grandi à La Réunion depuis ses 7 ans est aujourd’hui propriétaire de trois magasins voués à son art favori, la bande-dessinée. Mais ce n’est pas tout, il est aussi le créateur d’une maison d’édition : Des bulles dans l’Océan. Son parcours était pourtant loin d’être écrit d’avance. C’est en 1997, alors qu’il rentre à La Réunion après un passage en métropole, que l’aventure commence pour Jean-Luc. Bien qu’il affirme n’avoir jamais pensé réaliser un tel chemin, l’entrepreneur admet que la possibilité de travailler dans la BD lui « trottait déjà dans la tête » à l’époque. « C’est pourtant un concours de circonstances, professionnel, qui m’a poussé à ouvrir ma propre boutique », se remémore l’inarrêtable quinqua. À l’époque, une seule enseigne est présente sur l’île, mais Jean-Luc ne la trouve pas portée par de véritables passionnés. Elle s’inscrit dans une logique purement mercantile. C’est en tant que fanatique du 9 e art avant tout qu’il décide de combler ce vide : « je ne comptais pas en faire ma vie à ce moment-là », insiste-t-il. Le destin joue alors en sa faveur puisque la période est faste pour la bande-dessinée, alors qu’il ouvre sa première boutique en 1998.
« Un promoteur de la BD »
Une affaire de passion donc, un mot qui revient très souvent dans le discours de Jean-Luc lorsqu’il parle de son activité. Selon lui, la clé du succès dans le milieu est de parvenir à allier deux différentes passions : Celle du créateur, bien sûr, et celle de l’amateur, au sens de consommateur (« un très vilain mot » d’après lui), tout aussi essentielle. Ce dernier permet la mise en lumière des artistes qui le fascinent. « D’autant plus qu’ils sont très rarement de bons promoteurs ». C’est évidemment à la deuxième catégorie d’aficionado qu’appartient le chef d’entreprise : « on a tous en nous quelque chose de singulier, on l’exprime différemment, mais cela ne demande qu’à être révélé », philosophe-t-il. Le rôle qu’il s’est trouvé est donc de porter la voix de talents en quête de visibilité. […]