En passant par là…..

J’ai découvert la série BD Les fils de l’aigle avec le tome 4, Capucine, acheté à Bordeaux en 1988 avant d’acheter chaque volume jusqu’au dernier, paru en 1998. Puis j’ai suivi régulièrement la carrière de l’auteur, Michel Faure, au gré des albums qu’il publiait.

Michel FAURE

Puisque les circonstances nous imposent de nous concentrer sur nous-mêmes et – surtout – puisque nous sommes en bonne santé pour la plupart d’entre nous, alors je me permets de proposer aux lecteurs de découvrir la superbe monographie qui lui est consacrée,  L’art et la manière de Michel Faure, nouvellement éditée par Centre du monde éditions en ce début d’année.

C’était une gageure que de résumer presque 50 années de carrière et de parcours d’un auteur aussi talentueux que Michel Faure, qui compte à son actif près de 60 albums individuels et collectifs.

En dehors de son talent – que je place au même niveau que celui de Giraud – Michel Faure est aussi un auteur qui a beaucoup compté pour le 9ème art  indo-océanien.

Hery

 

Des douze années qu’a duré sa période malgache, il publiera le premier album cartonné jamais publié dans le pays, Hery (le costaud), sorte de tarzan à la sauce malgache, ouvrage que l’on peut encore trouver chez les bouquinistes du marché permanent aux livres d’Ambohijatovo, en plein cœur de Tananarive.

Aventures dans l’océan Indien

 

Il participera aussi au premier album collectif Malgache, Aventures dans l’océan Indien sorti en 1985.

Quelques années auparavant, Michel était parti s’installer à la Réunion où – seul auteur professionnel vivant sur l’île à l’époque – il influencera durablement une bande de jeunes lycéens : Mad, Appollo, Serge Huo-Chao-Si, Tehem, Goho. Ce sont eux qui formeront plus tard la colonne vertébrale du cri du margouillat, revue qui dure depuis 1986 et dans laquelle Faure publiera des histoires dès le 1er numéro et dessinera plusieurs couvertures.

Cet homme généreux et attachant a également participé à quatre collectifs publiés par la maison d’édition issue de la revue : Centre du monde.

Cette carrière ultra-marine, en sus de sa production pour de grandes maisons d’édition métropolitaine, est une particularité qui méritait bien que Faure fasse l’objet d’un ouvrage mettant en valeur son talent.

Mais cet ouvrage est aussi une date marquante pour le 9ème art français. En effet, pour la première fois, une maison d’édition installée dans l’outre-mer rend hommage à l’un de ses compagnons de route dans une monographie de très belle qualité graphique. En passant par un financement participatif (via le site Ulule), Centre du monde démontre que l’édition de ce genre d’ouvrage n’est pas réservée aux seuls éditeurs parisiens.

Jean Christophe Dallery, alias Hobopok, l’auteur de cet ouvrage, est un des auteurs du Cri du margouillat. En dehors de son travail de bédéiste, Hobopok fut aussi, de 2011 à 2016, directeur artistique de L’harmattan BD, la collection que je dirige depuis une dizaine d’années et qu’il a fait changer de dimension lors de son passage.

L’ouvrage est superbe, il y a réalisé un travail magnifique, entre interview et illustrations anciennes ou inédites, avec quelques pépites inédites ou peu connues, en particulier ce jeu de cartes sur l’histoire de Madagascar qui ouvre l’ouvrage mais aussi des sculptures et tableaux de l’artiste.

J’aurais bien recommandé aux lecteurs réunionnais d’aller visiter l’exposition L’art et la manière de Michel Faure inaugurée le 13 mars au Banyan et qui lui était entièrement consacrée, mais malheureusement, et vous savez pourquoi, cette exposition n’est plus accessible.

A charge de revanche…

 

L’art et la manière de Michel Faure, Jean-Christophe Dallery, Ed. Centre du monde, ISBN 978-2-912013-37-8. 25€.

L’ouvrage est accessible via le site de Centre du monde édition et diffusé à la Réunion.

 

Christophe Cassiau-Haurie

19 avril 2020, en plein confinement.

Extraits