Rayon de lumière sur les salles obscures
Par Domoina Ratsara & Lova Rabary-Rakotondravony
Après plus de 20 ans sans une vraie salle obscure digne de ce nom, Madagascar renoue timidement avec les salles de cinéma aux normes internationales. Après l’inauguration en décembre 2017 d’une salle de cinéma installée dans un vieil amphithéâtre délabré, l’ouverture d’un multiplex dans un centre commercial d’Antananarivo est l’événement majeur de 2018. En attendant la construction en 2019 d’une salle de cinéma pilote sur l’initiative des autorités.
Trente mille ariary (7,50 €) pour une place de cinéma. « Le prix est abusé », se plaint une fan de Christian Grey, le héros masculin de la saga Cinquante nuances de Grey, film tiré du roman du même titre. Elle a quand même acheté le ticket pour voir le dernier volet de la trilogie que le Plaza, la nouvelle salle de cinéma d’Antananarivo, a diffusé le 14 février 2018, une semaine à peine après sa sortie en salle en France. « Mais c’est bien la dernière fois que je regarde un film dans cette salle », lance-t-elle, sans beaucoup de conviction.
Pour les films ou animations moins récents, le tarif est réduit de moitié. Mais quel que soit le prix affiché, le Plaza, érigé à partir d’un vieil amphithéâtre délabré du ministère de l’Éducation nationale, a fait le plein à la plupart de ses séances. Lors des premières semaines après l’ouverture de la salle en décembre 2017, ses 800 sièges n’ont pas suffi pour accueillir tous ceux qui ont voulu assister aux différentes projections. Toutes les séances se sont jouées à guichet fermé.
Aux séances tout public, des quadragénaires et quinquagénaires nostalgiques viennent en famille, ravis de retrouver les sensations de leur « jeunesse », et heureux de faire découvrir à leur progéniture les émotions d’un film en salle obscure. Les adolescents et les jeunes adultes qui ont fini par enfin connaître ce que c’est que le vrai cinéma sortent « impressionnés » de la salle même si les films projetés ne sont pas tous récents.