Davy Sicard
Interview réalisé par Hilaire CHAFFRE - Photos Corine TELLIER
“ Le maloya, c’est le remède contre la souffrance ”
C’est à Bras-Panon, petite ville de l’Est de La Réunion, que je rencontre Davy Sicard, une des plus belles voix de l’île qui est tantôt forte, tantôt feutrée, toujours envoûtante et remplie d’une émotion qui vous touche au plus profond. Elle vous transporte en des lieux et des époques différents, entre modernité et authenticité. Davy est l’exemple même de l’artiste qui honore son pays, son histoire, sa culture. Il me reçoit chez lui, au milieu d’un jardin créole tenu par Sandra son épouse. Plus précisément sous la varangue, d’où l’on peut apercevoir l’antre du maitre des lieux : son studio d’enregistrement. Endroit propice à la création, mais surtout au travail. Le chanteur et musicien est un acharné du détail, du moindre mot à la moindre note. Davy Sicard est né en 1973 à Colombes, dans les Hauts-de- Seine, d’un père malgache et d’une mère réunionnaise. La famille s’installe à La Réunion trois ans plus tard. Depuis, c’est là que Davy vit, entouré désormais de son épouse Sandra et leurs deux enfants.
HIL : Comment définis-tu ta musique ?
Davy : J’ai très vite arrêté de chercher à le faire. Les journalistes la définissent comme du « Maloya Kabossé » (titre d’une des chansons qui m’a fait connaître du public). Cela me convient très bien car la base de ma musique, c’est le maloya avec des influences de soul et de blues. À vrai dire, je me sens même soulagé de ne pas avoir à chercher d’autre définition.
H : Le mot Maloya pour toi ?
D : C’est un mot magique. Par exemple, quand on dit Histoire, on pense au passé. Mais quand on parle de maloya, on parle d’aujourd’hui en partant d’hier, mais aussi en pensant à demain. C’est un mot fort, qui évoque la musique, l’histoire, une certaine philosophie, la spiritualité et, d’une certaine manière, un art de vivre. Le maloya ce n’est pas la douleur, mais au contraire un remède contre celle-ci. À la manière de ces esclaves, qui, après avoir passé une dure journée de labeur, font du maloya pour s’évader de leurs souffrances, être libres le temps de quelques notes, et devenir plus forts.
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