« Bahoejy » ou le triste destin d’un grand inventeur
Par Yanne Lomelle
Il s’appelle, Bahoejy et on situe sa naissance aux alentours de l’année 1960. Il est encore en vie et habite dans une maison en terre presque en ruine dans un village d’Antsohihy. Ce personnage à l’allure quelconque a pourtant inventé une danse qui est devenue le pilier de la culture Tsimihety (une des ethnies malgaches).
Ladite danse porte son nom : « Bahoejy », et dans la région de Sofia, chaque festivité est célébrée avec ces chorégraphies. Le Bahoejy est une danse qui s’effectue à deux (homme et femme) et est composée de plusieurs pas compliqués. Elle s’effectue sur de la musique traditionnelle Tsimihety accompagnée d’instruments tels que l’accordéon.
L’inventeur de la danse raconte qu’il a simulé les pas avec une feuille de bananier en guise de partenaire au moment de sa création. Oublié de tous, dépouillé de son invention, la direction de la Culture de Sofia a décidé de rendre à cet homme l’honneur qui lui revient. Depuis, cette danse a énormément évolué et ce par le concours de plusieurs grands artistes de la région de Sofia qui ont repris ces airs et ces pas et ont fait une brillante carrière grâce à la danse Bahoejy. Sur la touche, Bahoejy qui n’a presque rien gagné alors qu’il a créé un véritable vestige culturel. Une injustice que la direction de la culture de la région de Sofia ambitionne bien de réparer et ce en commençant par la réhabilitation du foyer de cet inventeur oublié grâce au mouvement citoyen Tagnamaro. Quoi qu’il en soit, l’histoire de Bahoejy devrait soulever la réflexion sur le droit à l’invention artistique à Madagascar.