L’artiste contemporain malgache Tara Shakti explore à travers ses oeuvres aussi bien le pop art, l’art figuratif, le surréalisme… Elle use de toutes les possibilités pour faire de ses oeuvres un médium pour militer. Entretien.

Indigo. Tara est une déesse bienveillante qui a l’énergie de la compassion féminine. Vous retrouvez-vous dans ce descriptif de celle qui a inspiré votre nom d’artiste ?

Tara Shakti. J’ai cherché un nom qui puisse porter des valeurs qui m’inspire dans mon cheminement personnel, c’est-à-dire l’esprit d’éveil, l’altruisme. Et puis j’ai découvert l’existence de la déesse “Tara verte”. J’étais alors en période d’introspection et de “désintoxication interne” et j’ai donc voulu associer mon nom d’artiste à cette déesse. Pour moi, Tara représente une sorte d’entité ou de divinité qui me protège et me guide.

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I. Que représentent les voyages dans vos oeuvres et votre vie d’artiste ?

Tara Shakti. Comme disait Saint-Augustin: “ le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page”. Le voyage est une nécessité dans la vie de chaque artiste. Géographiquement et culturellement, cela nous enrichit, nous acceptons facilement la différence de l’autre et cela implique le respect de son mode de vie, même si cet élan vers l’autre peut parfois être à sens unique. L’aventure vers un univers nouveau est une curiosité primordiale au sens positif du terme. Et au-delà du voyage, au sens géographique ou terrestre, il y a également le voyage en soi, l’introspection, prendre un itinéraire spirituel et faire la désintégration vers le positif en se basant sur la connaissance et le développement de soi. Peindre c’est voyager vers une autre dimension.

 

I. Votre manifeste est teinté d’un réel féminisme. Comment ce sujet s’infiltre-t-il dans vos réalisations ?

Tara Shakti. Mon art a pour but de retranscrire les luttes quotidiennes des femmes, de se questionner sur leur place dans la société, sur les droits et les libertés qu’il leur reste encore à conquérir. À travers mes oeuvres, j’essaie d’explorer des sujets trop souvent mis sous silence tels que le trafic humain, les violences conjugales, le viol, la femme-objet, le mariage forcé… En 2019, j’ai eu la chance d’être invitée à la soirée Zama Paris organisée par la diaspora malgache où le jury m’a honorée du Prix Zama pour ma défense, de la cause de la femme malgache, à travers mon art.

 

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