Antsa-Tia Ramambaharisoa
« L’écriture est l’art de raccorder les choses entre elles »
Nous sommes à Ambohimalaza, à quelques kilomètres à peine du centre-ville d’Antananarivo. Et pourtant, plus rien ne rappelle les perturbations ni la pollution de la capitale de Madagascar. De l’air pur à volonté, une circulation fluide : presque déserte, des grands arbres qui bordent les rues. Au bas-côté d’une allée, elle fait des grands signes avec un sourire qui irradie son visage. Elle, c’est Antsa-Tia Ramambaharisoa, la gagnante du concours de texte littéraire organisé par Indigo la revue.
Parmi tous les textes reçus par l’équipe, les membres du jury avaient tranché pour « Rayon de Lune ». Portant sur le thème du confinement, ce concours avait comme objectif de faire naître l’inspiration malgré la situation exceptionnelle de la pandémie mondiale. Quand on voit l’endroit où elle vit, on se dit effectivement que le mot confinement perd tout son sens et devient totalement caduc. Et pourtant d’une manière indescriptible, Antsa-Tia Ramambaharisoa est la première à reconnaître que c’est un évènement qui a bouleversé la vie de tout un chacun. Dans son récit, Antsa-Tia a voulu attirer notre attention sur les personnes qui doivent vivre en permanence en situation d’isolement.
« A son tour, Pini lui apprenait les aspects de la photosensibilité, ce « petit handicap » qui rendait toutes ses journées sombres mais paisibles et assez calmes » peut-on lire dans sa nouvelle. Consciente que le thème se rapportait à la pandémie, elle a jugé judicieux d’explorer d’autres thématiques au lieu de verser dans l’évidence ; et a donc décidé de parler d’une maladie un peu moins connue car ne touchant qu’une infime partie de la population mondiale. « Je trouve erroné l’affirmation qui dit que c’est difficile d’écrire quand le thème est imposé. L’être humain à mille et une manières d’interpréter les choses et pour cause d’aborder ledit thème » nous confie la jeune auteure. Antsa-Tia stipule qu’écrire une histoire consiste pour elle à puiser dans ses connaissances pour raccorder des choses qui ne sont pas forcément liées entre elles.
Un chemin qui lui est propre
Comme tous les auteurs qui se respectent, Antsa-Tia Ramambaharisoa est de ceux qui aimaient se perdre dans les pages des livres. Bien que dernièrement, elle ait eu de moins en moins de temps à consacrer à cette passion. Du haut de ses 18 ans, elle est en première année en physique à l’Université d’Antananarivo. Un cursus universitaire bien loin des études littéraires mais en tant que fan de défis et de challenges ; elle a pris cette voie dans la mesure où très peu de jeunes osent l’emprunter. Malgré ses études laborieuses, elle n’a jamais laissé l’art de côté. Etudiant la musique à l’EGM à 67 ha depuis quatre ans, sa mère nous confie qu’elle surprend souvent les passants en jouant du violon dans la cour de la demeure familiale.
D’ailleurs, Antsa-Tia Ramambaharisoa ne rate aucune opportunité pour s’enrichir culturellement en participant tant qu’elle peut à des concours comme celui organisé par Indigo Magazine. « J’ai toujours adoré écrire. Et on a toujours aimé mes histoires, elles n’étaient pas parfaites mais elles étaient assez particulières » mentionne-t-elle avec un sourire. Elle a expliqué qu’elle a toujours voulu donner un grand effet aux personnes qui la lisent et œuvre pour que ses écrits restent mémorables.
« En recevant l’email j’ai pensé qu’on donnait juste la nouvelle à tous les participants. Ce n’est qu’en lisant le contenu que j’avais compris que j’étais la gagnante. J’étais contente et assez surprise car la nouvelle était arrivée à un moment où avec ma famille on n’était pas dans état d’esprit de joie. Récemment on a perdu un membre de notre famille. Il y a deux sentiments diamétralement opposés qui se sont mélangés » a-t-elle confessé en revenant sur ses émotions à la suite de l’annonce de sa victoire. Elle a d’ailleurs affirmé que cette victoire l’a ramené d’une manière incontournable vers la littérature et l’a fait prendre conscience sur ses capacités narratives.
Yanne Lomelle