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Édito : Civilisation créole

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Par Alain Eid

Plus anglaise que La Réunion, plus française que les Seychelles, entre deux puissances dominantes, l’île Maurice a toujours su ménager la chèvre et le chou, pour au moins tirer du chou ce que la chèvre ne peut donner et vice-versa : on appelle ça tout simplement de la realpolitik. Mais pas seulement ! Car à bien y regarder, nous sommes ici à l’un des postes les plus avancés, et même le plus avancé dans l’océan Indien, grâce à l’île Rodrigues, de cette grande civilisation créole qui vraisemblablement commence sur le littoral malgache du côté de Nosy Boraha (Sainte-Marie) avec ses belles maisons à varangues et son urbanité exquise. Une créolité qui fait encore débat aujourd’hui au sein de la société mauricienne alors qu’on se demande, en pleine célébration du cinquantenaire de l’indépendance, si la langue maternelle, c’est-à-dire le créole, ne devrait pas faire son entrée au Parlement aux côtés de l’anglais ! Après tout, il n’aura jamais fallu attendre que 2012 pour qu’il apparaisse au programme des écoles, et encore comme matière optionnelle !

 

Maurice terre créole où l’on parle le français, l’anglais, le bohjpuri, le tamoul, l’ourdou, le télougou, l’hindi, le hakka… Tout cela synthétisé et comme sublimé par cette langue de paysans et de marins pêcheurs, mais aussi de poètes, qu’on appelle le créole ! Mais par-delà les Mascareignes et comme un salut à l’île Rouge comment ne pas évoquer la Lémurie ? Chère à l’écrivain malgache Johary Ravaloson, elle hanta longtemps les pensées du poète mauricien Malcolm de Chazal. Cette Lémurie mythique avec ses connexions secrètes par-dessous les volcans (dit-on) et dont Indigo semble vouloir recomposer, d’une île à l’autre, la nouvelle cartographie littéraire et artistique.

 

Bienvenue en terre mauricienne.