Robin Crusoé à Madagascar
Par Olivier Soufflet - Illustrations : Luko
En 1719, Daniel Defoe ne fit pas paraître pas un, mais deux livres pour relater les aventures de Robinson Crusoe. Dans le deuxième tome, Robinson Crusoe, devenu un négociant prospère, s’ennuie et cède à nouveau à l’appel de l’aventure. Le voilà reparti sur son île dix ansaprès l’avoir quittée. Il y retrouve les personnages qu’il y avait laissés, à commencer par Vendredi et les Espagnols.
Mais Robinson Crusoe n’est que de passage. Il poursuit sa route vers l’océan Indien en direction de l’Inde, puis de la Chine, d’où ilrevient en Angleterre en traversant la Russie et l’Europe par tous les moyens imaginables de transports terrestres, dont le rail, bouclant ainsi son tour du monde. Ayant quitté le Cap, le navire dont il est l’un des affréteurs fait escale à Madagascar, où Daniel Defoe place l’épisode le plus saisissant de la suite des Aventures de Robinson Crusoe : rien moins que le récit des événements conduisant au massacre d’un village malgache par l’équipage dunavire.
Le « massacre de Madagascar » : telle est l’expression qu’emploie Daniel Defoe pour qualifier cet acte de barbarie perpétré pour venger la mort d’un membre de l’équipage, tué par les Malgaches parce qu’il avait violé une jeune fille du village. Robinson Crusoe assiste, impuissant, à l’explosion de cette violence qu’il réprouve. Et l’on peut penser qu’à travers lui, c’est Daniel Defoe qui s’exprime en s’inspirant de faits réels. Son compte rendu témoigne des conditions dans lesquelles des atrocités de ce genre, impliquant des équipages européens, furent commises au cours des grands voyages maritimes commerciaux. Il montre aussi quele public européen du début du XVIIIè siècle n’ignorait rien de ces actes.